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De nouvelles éditions pour un nouveau chapitre de l’histoire du musée national Picasso-Paris

Le musée Picasso inaugure un nouveau chapitre de son histoire, sous l’impulsion de sa présidente, Cécile Debray. Guidée par sa vision stratégique, méthodiquement orchestrée, elle redéfinit le rapport que nous entretenons avec l’œuvre du maître. Aujourd’hui, elle dote le musée d’un Centre d’études Picasso (CEP) dédié à Picasso et à l’art moderne, replace au cœur du musée la collection et répond ainsi à la mission originelle de l’institution.
Rencontre avec Cécile Debray pour comprendre comment le musée parvient à renouveler notre regard sur l’œuvre d’un artiste aussi emblématique, et quel rôle joue notre maison d’édition pour accompagner ce tournant.

Cécile Debray © Bernard Martinez

Un ciel d’été, bleu et rose, enveloppe le cœur du Marais, tandis que nous nous dirigeons vers le musée Picasso. Cécile Debray nous ouvre les portes du somptueux Hôtel Salé, transformé depuis 1985 en musée consacré à l’artiste. Depuis 2021, elle a pris les rênes de ce sanctuaire dédié à Picasso, qui se comparait volontiers au Minotaure, créature mi-homme, mi-taureau, écornée aujourd’hui par les dénonciations de violences sexistes.

« Un retour aux fondamentaux du musée »
« Le contexte actuel met le musée au défi d’accompagner les profondes mutations culturelles et sociales du xxie  siècle, explique Cécile Debray. Les crises sanitaire, économique et géopolitique entraînent de fortes répercussions sur le modèle muséal. Par ailleurs, l’image de Picasso est fragilisée sur fond de mouvement #MeToo, et la recherche en art moderne occidental montre des signes d’essoufflement ou de moindre attractivité auprès des jeunes. Aussi, pour mener à bien la mission du musée, celle de transmettre l’œuvre de Picasso aux nouvelles générations, j’ai souhaité engager un retour aux fondamentaux du musée, tout en embrassant les débats autour de la figure de Picasso, et ce, à travers trois premières actions :
ACTE I: Durant l’année 2022, nous avons organisé, pour les équipes et quelques étudiants, un séminaire interne intitulé « Picasso aujourd’hui », auquel ont pris part de grands invités – historiens, psychiatres, artistes –, afin de débattre et d’analyser les différents aspects de la polémique et de nous interroger sur le rôle du musée.
ACTE II : En parallèle, nous avons accueilli le regard d’artistes contemporains dans le cadre d’un nouveau cycle d’expositions et de contrepoints : ORLAN avec sa série féministe intitulée Les femmes qui pleurent sont en colère, Farah Atassi, Pierre Moignard, Faith Ringgold, Sophie Calle…
ACTE III : À l’issue de la célébration des 50 ans de la disparition de Picasso, nous avons réintégré la collection au sein de l’hôtel Salé, en la déployant sur les trois étages supérieurs, et développé une programmation d’expositions temporaires autour de la réception large de Picasso, au rez-de-chaussée et au sous-sol : “Faith Ringgold. Black is beautiful” ; “Dans l’appartement de Léonce Rosenberg” ; “Picasso iconophage”, et bientôt “Pollock. Les premières années”, puis “L’art dégénéré. L’art moderne sous le IIIe Reich allemand”. »

Le Minutier central des Archives nationales accueillera le Centre d’études Picasso (CEP)

« La recherche est dans l’ADN du musée »
Aujourd’hui, le musée franchit une nouvelle étape dans ses orientations stratégiques, avec l’ouverture du Centre d’études Picasso (CEP). « Le musée, outre sa collection de plus de 5000 œuvres, possède 200 000 pièces d’archives personnelles de Picasso, rappelle Cécile Debray. Ce trésor attire des chercheurs du monde entier. Avec la création de ce centre unique de ressources Picasso, nous développons des partenariats avec des universités et envisageons des bourses pour des résidences d’artistes ou de chercheurs. La politique d’accès aux données est en marche : cette part accordée à la recherche est dans l’ADN du musée ! »

Coéditions avec le musée Picasso-Paris, 2024

« Une expertise éditoriale pointue et […] une solide capacité de diffusion »
Cécile Debray ambitionne une véritable ouverture des missions du musée : selon elle, l’établissement doit fournir les éléments contextuels essentiels non seulement à la compréhension de l’œuvre de Picasso, mais également à l’approche de l’art moderne. Pour diffuser ces nouvelles perspectives, elle construit une politique éditoriale avec une éditrice externe ; aussi ont-elles choisi de publier certains de leurs nouveaux ouvrages avec notre maison.
« Je me souviens des expositions mémorables organisées par le musée dans les années 1990-2000 : “Les Demoiselles d’Avignon”, “Max Jacob et Picasso“, “Picasso et la photographie”, “Picasso et Ingres”… Les catalogues du musée national Picasso étaient alors publiés par vos éditions : j’ai soigneusement préservé toute une collection de vos ouvrages, véritables références dans le domaine. Je suis convaincue de l’importance d’une expertise éditoriale pointue et d’une solide capacité de diffusion. J’ai fait le choix de collaborer avec une professionnelle du livre, Annie Dufour, qui a longtemps œuvré au musée d’Orsay et qui entretient des liens étroits avec le monde de l’édition, notamment avec vous.
« Ensemble, nous avons repensé notre offre éditoriale en privilégiant des formats d’ouvrages plus compacts et accessibles. Notre ambition ? Créer des livres qui soient à la fois des catalogues d’exposition et des ouvrages de référence présentant des perspectives inédites pour chaque sujet. Le succès de notre catalogue Faith Ringgold en témoigne : c’est une première monographie éditée en français, mais aussi un ouvrage informé et didactique sur l’histoire de la lutte pour les droits civiques des communautés noires américaines.

Catalogue Faith Ringgold © coédition les éditions de la Rmn-GP et le musée Picasso-Paris

« Figure d’exception, le catalogue Picasso iconophage est un beau livre centré sur notre fonds documentaire, archivistique et sur notre artiste : il ouvre une ligne de programmation sur la question de l’archive, annonce Cécile Debray. Il explore de manière érudite et inédite, selon un dispositif graphique radical et inventif, la culture visuelle de Picasso, qui s’est construite par strates, par des photographies, des magazines, des films, des affiches publicitaires…

prise de vue du catalogue ouvert

 

Pour éveiller la curiosité des plus jeunes, nous avons par ailleurs enrichi notre offre éditoriale : ainsi, J’imagine, un nouveau titre qui vient s’ajouter à votre collection « L’art à tout petits pas », a été spécialement conçu pour initier les tout-petits à l’univers de Picasso.
Enfin, une nouvelle petite collection de cahiers imagiers sur des thèmes choisis (monstre, chapeau, oiseau, musique…), au format d’une carte postale artistique, vient d’être lancée pour le grand public. Elle est destinée à tous ceux qui souhaitent emporter avec eux un souvenir de la collection. Ces fascicules, proposés en français ou en anglais, sont autant de fenêtres ouvertes sur l’univers foisonnant de Picasso. Ils permettent d’offrir de petits guides imagés, transversaux et très abordables, à tous les visiteurs, notamment aux nombreux anglophones parmi eux. »