Plus de 350 images illustrent le catalogue La Saga des grands magasins, coédité avec la Cité de l’architecture et du patrimoine à l’occasion de l’exposition éponyme organisée par cet établissement. Élise Vanhaecke et Marianne Lemarignier, iconographes sur ce projet, ont travaillé sur cet ouvrage qui explore l’histoire des grands magasins depuis leur apparition au milieu du xixe siècle jusqu’au xixe siècle. Elles nous invitent à découvrir cette saga et à comprendre le rôle de ces commerces à travers le prisme des images qu’elles sont allées dénicher.
Iconographes aux éditions GrandPalaisRmn, Élise Vanhaecke et Marianne Lemarignier explorent les archives, les agences photographiques et les musées pour débusquer l’illustration parfaite qui viendra accompagner un texte et donner vie à un récit. Pour cela, elles recherchent les fichiers haute définition, négocient les tarifs, et recueillent l’ensemble des autorisations de reproduction que nécessite le respect des droits d’auteur.
Elles nous éclairent, ici, sur les spécificités du travail réalisé pour le catalogue La Saga des grands magasins.
« Ce catalogue offre un éloquent récit visuel par les images très fortes qu’il propose : elles ne sont pas là simplement pour illustrer un texte, mais elles ont aussi une vie propre, grâce, notamment, aux cahiers d’images, singulièrement riches. Les grands magasins, avec leur architecture majestueuse, sont très photogéniques ; les documents et visuels reproduits sont également souvent empreints d’une familiarité qui nous ramène à l’enfance, à l’époque où nous recevions des catalogues à la maison. Le tout crée une évocation puissante.
« Notre collaboration en tant qu’iconographes sur ce projet a débuté par une phase de définition des besoins avec les commissaires de l’exposition et l’éditrice, Annie Dufour. À partir d’une première liste d’images, nous avons entamé les recherches iconographiques et les commandes auprès de musées, de bibliothèques patrimoniales, d’agences d’architecture et d’agences photographiques. Les grands magasins, qui disposent désormais tous de services patrimoniaux, nous ont également procuré de nombreuses images. Le photographe François Doury a aussi été missionné par le GrandPalaisRmn pour photographier des affiches, des catalogues anciens et des dessins appartenant aux fonds du Printemps, des Galeries Lafayette et de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, qui n’avaient pas encore été numérisés. Enfin, la Cité de l’architecture et du patrimoine nous a fourni un lot important, par le nombre et la qualité, de photographies et de dessins ayant trait à l’architecture des grands magasins.
À partir de là, Line Célo, graphiste, s’est attelée à la conception de la maquette, en étroite collaboration avec l’éditrice. La mise en page a nécessité de nombreux échanges et ajustements avant d’être validée et d’aboutir à une version définitive. Et nous avons pu finaliser les commandes et procéder aux demandes d’autorisation, notamment auprès des auteurs (ou de leurs ayants droit) des œuvres ou photographies publiées dans l’ouvrage.
« Notre mission ne se limite pas à la commande d’images. Nous pouvons aussi être force de propositions pour des illustrations. Dans le cas présent, c’est essentiellement pour le chapitre rédigé par Charlotte Garson, « Le cinéma aux grands magasins », que nous avons fait de telles recherches. Il était important de donner à voir certains films évoqués dans l’essai, afin de retranscrire visuellement l’univers des grands magasins, où le rêve et le commerce se mêlent.
« Le cadrage au départ était de 250 illustrations, et le nombre est monté à près de 350. Loin de se limiter au contenu de l’exposition, l’iconographie du livre nourrit une maquette dynamique qui fait la part belle à l’image. Le catalogue retrace l’évolution architecturale, artistique et sociétale des grands magasins, à une époque où l’image s’impose progressivement dans la société. Au xxe siècle, celle-ci devient un langage universel, qui se décline à travers la photo, le cinéma, les affiches, les magazines illustrés, la publicité et d’autres médias.
Le chapitre « Photographier les employés » témoigne de cette réalité sociologique. Les grands magasins parisiens produisent des photographies de leurs employés comme arguments de communication extérieure. L’incroyable portrait de groupe devant l’escalier du Printemps en est un parfait exemple. Les grands magasins accompagnent les métamorphoses de nos sociétés, et leur capacité à saisir et à anticiper leur époque les a mis au cœur de notre imaginaire. En multipliant les illustrations, l’ouvrage rend compte de cet imaginaire.
« Notre collaboration a été capitale avec les services d’archives des grands magasins. Le Bon Marché, les Galeries Lafayette, le Printemps ou encore la Samaritaine gèrent et préservent leurs archives, véritables mines d’or qui sont autant de témoignages de leur histoire économique et sociale, et, par là même, de la nôtre. »