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L’invité des éditions : David Foenkinos

Tous les mois, les éditions invitent une personnalité à choisir un ou plusieurs titres parmi les ouvrages de leur catalogue. La sélection et les commentaires livrés par cet invité éclairent sans nul doute sa personnalité : « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. » (François Mauriac)

Photographie de David Foenkinos qui tient dans ses mains et nous présente notre publication
« Pour Antoine, la contemplation de la beauté était un pansement sur la laideur. Il en avait toujours été ainsi. Quand il se sentait mal, il allait se promener dans un musée. Le merveilleux demeurait la meilleure arme contre la fragilité » (extrait de Vers la beauté, David Foenkinos).
C’est ainsi que David Foenkinos, scénariste, réalisateur et auteur, décrit l’histoire d’un professeur qui devient gardien au musée d’Orsay, dans une quête inattendue de lui-même à travers la beauté.
Dans tous les romans de David Foenkinos, il est question d’art, et l’art constitue le cœur même du récit de Charlotte, roman récompensé en 2014 par le prix Renaudot, qui retrace le parcours de Charlotte Salomon, une jeune peintre juive allemande qui trouve dans la peinture un moyen d’expression et de survie face à l’horreur du nazisme.
C’est donc tout naturellement que nos éditions ont proposé à David Foenkinos de sélectionner un ouvrage dans notre catalogue. Il a choisi La Boîte à couleurs des impressionnistes, un album destiné à aiguiser le regard des jeunes lecteurs en leur faisant découvrir l’impressionnisme à travers des nuanciers.

La sélection de David Foenkinos
« L’art a changé complètement ma vie. J’ai été gravement malade à l’âge de 16 ans, et je suis resté de longs mois à l’hôpital. Je me suis alors mis à lire, à écrire et à aimer la peinture. Mes premières sorties, rythmées par les concerts et les visites de musée, ont été autant d’étapes dans ma reconstruction, qui s’est faite à travers la fréquentation de la beauté. De fait, j’ai un goût particulier pour les livres liés aux expositions. Ils me permettent de prolonger les émotions suscitées par la rencontre avec certaines œuvres. Ainsi, j’ai découvert Charlotte Salomon lors d’une exposition au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme en 2006 et, grâce au catalogue, je me suis plongé durablement dans l’histoire de cette femme : ce fut le point de départ de mon projet d’écriture. »

« La Boîte à couleurs des impressionnistes est un travail magnifique. J’aime beaucoup l’idée de proposer toutes les couleurs de toiles impressionnistes. Cette décomposition chromatique permet de comprendre la structure de ces chefs-d’œuvre.
En lisant la préface, je me suis rendu compte à quel point la possibilité de se promener avec leur boîte à couleurs sous le bras avait libéré les peintres du carcan des ateliers. Grâce aux teintes désormais proposées en tubes, donc prêtes à l’emploi et faciles à transporter, ils pouvaient s’installer partout et ainsi donner leur vision du monde, pleine de lumières, de touches et de couleurs inattendues : l’impressionnisme est lié à une liberté de création et de mouvement.

Ce souffle de liberté et de modernité a profondément transformé la peinture, tout comme la Nouvelle Vague a bouleversé le cinéma quelques décennies plus tard. L’apparition de caméras légères a permis aux cinéastes de sortir des studios, de filmer la réalité dans toute sa complexité : le lien est indéniable entre ces deux mouvements artistiques. En lisant l’ouvrage, j’ai réalisé qu’un simple outil technique peut déclencher une révolution esthétique.
La Boîte à couleurs des impressionnistes rappelle l’atelier portatif du peintre impressionniste, libre de créer à l’extérieur et de représenter une vision du monde plus spontanée. »

« J’ai deux enfants, et il est impératif pour moi de les initier à l’art, car c’est un moyen de grandir, de s’épanouir et de mieux comprendre le monde. J’ai beaucoup emmené mon fils voir des expositions. Maintenant, il a 22 ans, et je sais que, partout où il voyage, il visite les musées. Quelque chose lui en est resté, même si nous connaissons tous la période où les enfants commencent à traîner les pieds pour nous accompagner au musée ! Aujourd’hui, j’emmène ma fille, qui a 11 ans, découvrir une exposition avec moi. Plutôt que de déambuler rapidement dans les salles et de survoler les œuvres, je lui demande de choisir un seul tableau, de prendre son temps et de le regarder avec attention, puis de me dire pourquoi elle l’a choisi. C’est une façon de transformer chaque visite en un moment privilégié de partage. »

Votre actualité ?
« En janvier 2025, mon roman Numéro 2 sera adapté au théâtre Tristan Bernard. Et mon nouveau roman, Tout le monde aime Clara, paraîtra en librairie, où l’art tient aussi une part importante… Pour la première fois, une œuvre d’art est reproduite dans un de mes livres : une sculpture du xixe qui se trouve au cimetière non catholique de Rome, L’Ange du chagrin. Ce sera ainsi l’occasion de visiter votre atelier de moulage ! »