À l’origine de la chaîne du livre est l’arbre, duquel est extraite la pâte à papier. Si le livre est enfant des forêts, il devient son gardien à travers l’exposition « La Forêt magique » et son catalogue, qui s’enracinent au palais des Beaux-Arts de Lille pour enchanter visiteurs et lecteurs.
Le parcours, à la fois artistique et militant, s’articule autour du thème des arbres et de la nature dans l’imaginaire des artistes : une dimension écologique inspirante pour GrandPalaisRmnÉditions, qui éditent un catalogue écoconçu.
Une exposition écoconçue
Loin des événements blockbusters, le palais inscrit son modèle dans la continuité de l’exposition « Expérience Goya » en 2021 et de son engagement en matière de développement durable avec une sélection d’œuvres resserrée, le réemploi des décors de la scénographie et la réduction du transport des œuvres.
Régis Cotentin est co-commissaire de l’exposition et responsable de l’art contemporain au palais des Beaux-Arts de Lille. Il nous explique : « Aujourd’hui, il est important d’avoir une vraie action écologique et de ne pas rejeter les efforts sur les générations futures. Nous réutilisons plus de 65 % des modules scénographiques d’“Expérience Goya”, grâce à la virtuosité du scénographe Maciej Fiszer. Nous avons resserré aussi le nombre des œuvres présentées au public en sélectionnant les plus pertinentes ; loin d’une liste idéale : l’attention a été portée sur des créations parfois méconnues, mais toujours éloquentes. Enfin, nous avons favorisé les prêts européens en regroupant au maximum les transports et en concentrant les œuvres d’une même zone. »
La forme autant que le fond : la matière grise se met au vert !
Nos éditions ont pris part à ce projet vertueux. Elles ont recherché les meilleurs leviers pour adapter le catalogue aux impératifs environnementaux : papier recyclé, petit format, encre végétale et réduction du bilan carbone à travers la limitation des transports.
Hugues Charreyron, responsable de fabrication pour ce titre, nous confie : « Pour répondre aux attentes du palais et mutualiser les bonnes pratiques, j’ai d’abord cherché des papiers qui soient à la fois écologiques, recyclés et qui présentent d’excellentes caractéristiques qualitatives. Nous avons finalement choisi un papier offset 100 % recyclé et certifié FSC. » Cette certification internationale garantit que les bois utilisés sont conformes aux procédures de gestion durable des forêts. Elle est accordée aux pâtes de bois dont l’extraction ne nuit pas à la biodiversité et qui ne sont ni issues de forêts anciennes ni liées à la déforestation. Hugues Charreyron poursuit : « À partir de ce critère, j’ai cherché les papiers disponibles pour le petit format choisi (17 × 24 cm). Avec Aurélien Farina, le graphiste, nous avons fait un état des lieux des différentes qualités et des teintes possibles, à la fois pour le papier intérieur et pour la couverture. »
Pour le choix de l’encre, Hugues Charreyron se réjouit : « Heureusement, depuis plusieurs années, nous utilisons de l’encre à base d’huile végétale », une alternative aux encres minérales à base d’hydrocarbures pétroliers, nuisibles à l’environnement et aux hommes.
Enfin, pour maîtriser au mieux le bilan carbone produit par les transports – en amont et en aval – des papiers et des ouvrages, la maison a privilégié un imprimeur belge, localisé tout près de Lille.
L’exposition et son catalogue peuvent jouer un rôle dans la prise de conscience environnementale, en éveillant les sensibilités, en transformant les représentations et, de fait, certains comportements humains. « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas » : La Forêt magique peut être une réponse rassurante à la déploration de Victor Hugo.