Passionnée de lecture et grande admiratrice de Marcel Proust, Françoise Fabian interprète la pièce Marcel au théâtre 13e art. Les éditions ont rencontré l’icône du cinéma pour échanger avec elle au sujet du célèbre auteur et de la publication La Villa du Temps retrouvé.
Le centenaire de la mort de Marcel Proust en 2022 a été marqué par de nombreuses expositions, des pièces de théâtre ou encore de nouvelles publications. Profondément attaché à la ville de Cabourg, où il séjourna de nombreux étés, l’auteur y puisa son inspiration. La station balnéaire lui a rendu hommage en 2021 en inaugurant la Villa du Temps retrouvé, un musée qui offre une immersion dans l’univers proustien, et en confiant la réalisation de son guide à GrandPalaisRmnÉditions.
« Il est de la famille de mon âme »
Françoise Fabian a lu huit fois À la recherche du temps perdu. Elle nous confie : « Je connais les personnages comme si je les avais rencontrés. Ils existent. Je sais exactement comment ils sont habillés et je connais la façon dont ils parlent. » Marcel Proust lui est si intime qu’elle a placé dans son salon la photographie de l’auteur, tout près des portraits de famille. « Il est de la famille de mon âme et de mon cœur. » Elle aime infiniment son œuvre et « le garçon qu’il devait être, avec sa grande sensibilité, son imagination et son culot, qui faisait sa force ».
« Dans ma bibliothèque, explique-t-elle, j’ai quasiment tous les livres se rapportant à Marcel Proust. Je n’avais pas encore La Villa du Temps retrouvé, et je suis ravie de le recevoir. C’est un très beau livre et un très bel objet, qui évoque parfaitement l’époque de Proust, les villas de Cabourg à l’âge d’or de la Côte fleurie, qui était sa destination favorite. L’atmosphère donnée par les photographies et par les couleurs me plonge dans un passé littéraire. Les images évoquent les tissus et les papiers peints de l’époque.
Je me suis rendue justement à Cabourg en 2022 pour recevoir un Swann d’honneur au Festival du film romantique. J’aurais pu alors visiter la Villa du Temps retrouvé, mais je n’ai pas encore pu me résoudre à le faire. Je suis bien trop émotive pour me plonger délibérément dans cette atmosphère proustienne. »
Françoise Fabian s’empare avec attention de la publication et s’arrête, dès la première page, sur le portrait de Marcel Proust réalisé par Jacques-Émile Blanche : « Oxmo Puccino et moi portions, pour la pièce Marcel, un costume de soirée avec une fleur à la boutonnière, qui est la réplique du costume porté par Proust sur ce portrait. Le peintre Jacques-Émile Blanche était son ami. J’aime le fond sombre et intime de la peinture, qui met en relief la pâleur du visage. C’est un portrait que l’écrivain aurait, dit-on, conservé jusqu’à sa mort. »
« Il en est des plaisirs comme des photographies. » (extrait de À l’ombre des jeunes filles en fleurs)
Outre des photographies et des reproductions d’œuvres, l’ouvrage propose de nombreuses citations de Marcel Proust. Françoise Fabian s’attarde sur un extrait du roman À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Elle le lit pour nous à haute voix : « Il en est des plaisirs comme des photographies… » et commente : « Proust qui évoque la mémoire involontaire, c’est toute l’histoire de ma vie. Mon père portait le prénom de Marcel, mon mari aussi… Tout comme cet auteur dont je me sens proche et avec lequel je partage la notion de l’enfance comme un paradis perdu. J’ai grandi à Tipaza en Algérie. J’y étais si heureuse, mais je n’ai jamais souhaité y retourner, par peur d’une trop grande émotion. “Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus”, n’est-ce pas ? »
De même que le travail d’écriture mettait Marcel Proust en contact avec sa plus profonde réalité psychique, le guide La Villa du Temps retrouvé a transporté notre invitée, le temps d’une lecture, dans le Cabourg de la Belle Époque, tout près de son auteur préféré. Une expérience du temps que semble pratiquer souvent Françoise Fabian. Le titre qu’elle a choisi pour ses mémoires, Le Temps et rien d’autre, n’est sans doute pas fortuit.