La collection « L’Art à tout petits pas », destinée à offrir à la petite enfance une toute première approche de l’art, s’enrichit de trois nouveautés : Je compte, Je cherche et Je trouve. Annie Dufour, directrice de la collection pourGrandPalaisRmnÉditions, nous révèle l’histoire de ces petits imagiers.
« Jusqu’en 2021, j’ai dirigé les éditions du musée d’Orsay. Nous éditions des catalogues d’exposition, des beaux livres, des ouvrages jeunesse, mais, finalement, très peu de publications destinées à la petite enfance. J’ai alors envisagé une collection pour le musée d’Orsay qui serait déclinable pour d’autres musées. Lorsque je l’ai présentée à Laurence des Cars, alors présidente des musées d’Orsay et de l’Orangerie (aujourd’hui présidente du musée du Louvre), elle a compris l’enjeu de cette collection et m’a accompagnée. Sophie Laporte, directrice de GrandPalaisRmnÉditions, à laquelle nous avons proposé le projet, nous a immédiatement suivies. À ce moment-là, j’avais déjà pris la décision de quitter les éditions du musée d’Orsay pour créer ma propre structure, Ad.edition, afin de collaborer avec d’autres musées, de développer avec eux leur politique éditoriale et de continuer ainsi à enrichir la collection “L’Art à tout petits pas”. »
« Le beau est ce qui plaît universellement sans concept », Emmanuel Kant
« L’Art à tout petits pas » propose, à travers des imagiers, une toute première approche de l’art. « Notre idée n’est pas, a priori, d’apprendre l’histoire de l’art aux enfants : la collection n’est pas documentaire. Nous offrons juste à voir aux petits ; il s’agit de les habituer à la beauté. La collection leur offre leur premier vrai beau livre avec une photogravure et une fabrication très soignée.
Nous avons confié le graphisme à Wijntje Van Rooijen et Pierre Péronnet, qui réalisent ensemble de nombreux catalogues d’exposition (ils terminent actuellement celui de l’exposition “Munch” à GrandPalaisRmnÉditions pour le musée d’Orsay, jusqu’au 22 janvier 2023) et n’avaient jamais travaillé sur des livres pour enfants. Depuis la conception de la collection, nous travaillons ensemble sur la forme et le choix des images. Comme dans un jeu de ping-pong, ils donnent leur avis, nous proposent des cadrages et nous modifions nos choix. Quant à la photogravure, elle a été confiée aux Artisans du Regard, qui ont l’habitude des éditeurs d’art mais aussi des grands photographes. Bref, habités par le souci constant de la qualité, nous apportons à ces livres le même soin qu’à ceux que nous destinons à un public adulte ! »
Ribambelle de mots, myriade d’images
Il serait plus compliqué, selon Annie Dufour, de faire des livres pour les petits que pour les adultes :« Sélectionner une quinzaine d’images par livre et par collection muséale demande des heures de travail. Il faut faire un choix entre les chefs-d’œuvre, que les petits ne connaissent pas encore, et des œuvres moins connues pour ne pas rester toujours dans les mêmes poncifs visuels, tout en étant attentif à ce que les images ne fassent pas peur, soient accessibles et correspondent au cadrage et au déroulé du livre. En ce moment, nous travaillons sur un imagier pour le musée du Louvre. Vous imaginez ? Aller piocher dans les collections du Louvre ? »
La difficulté pour la sélection des mots semble aussi grande que pour celle des images. « Le choix du vocabulaire a suscité de longs débats. Nous avons échangé et procédé à de nombreux tests avec des enseignants, un spécialiste de la pédagogie et même des enfants ! Nous avons opté pour une narration allant crescendo, avec parfois des mots un peu plus difficiles. Par exemple, dans le titre Je miaule, quand les petits entendent et répètent “Je stridule”, ils adorent ! Ce sont des mots qu’ils ne connaissent pas, qui sonnent bien en bouche et qu’ils mémorisent. Vous regarderez à la fin du petit dernier, je compte, il y a “ribambelle” et “myriade”, inconnus des petits. L’air de rien, ils acquièrent du vocabulaire. »
La morale de l’histoire
La lecture de « L’Art à tout petits pas » permet d’abord un échange avec les plus grands, un instant tendre et rassurant au cours d’une fabuleuse promenade visuelle. Pour Annie Dufour, c’est « même l’occasion d’un débat, à travers des questions posées aux petits : “Et toi, que vois-tu ? Et toi, à quoi penses-tu ? Voilà ce que, moi, je vois du tableau…” On leur donne alors la liberté d’aimer ou non ce qu’ils découvrent et de l’exprimer. L’art est accessible à tous : il n’est pas besoin d’avoir suivi des cours d’histoire de l’art. Chacun peut réagir à sa manière. »
Donner la liberté de regarder les œuvres, s’en émouvoir, les trouver belles (ou laides !), sans cours ni discours, mène au Beau, à l’enchantement, au plaisir universel dans le cœur de tous les enfants de 2 à 101 ans…