Tous les mois, les éditions invitent une personnalité à choisir un ou plusieurs titres parmi leur catalogue. La sélection et les commentaires livrés par cet invité éclairent sans nul doute sa personnalité : « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. » (François Mauriac)
La sélection de Mona Achache :
La réalisatrice a adapté à l’écran le roman L’Élégance du hérisson, de Muriel Barbery ; elle a tourné Les Gazelles et différents documentaires et fictions pour la télévision. Alors que le film qu’elle vient de réaliser, Cœurs vaillants, sort en salle, elle se confie à nos éditions au sujet des deux titres : Le Front de l’art et le catalogue d’exposition Enfin le cinéma !.
Le Front de l’art. Défense des collections françaises, 1939-1945, de Rose Valland
Rose, personnage principal du film Cœurs vaillants campé par Camille Cottin, est inspiré de Rose Valland, grande figure de la Résistance et de la sauvegarde des œuvres spoliées par les nazis en France. On la découvre, pendant la Seconde Guerre mondiale, conservatrice au musée du Jeu de Paume, puis au château de Chambord, alors utilisés comme dépôts d’œuvres des musées nationaux.
« Soit je décidais de faire le portrait fidèle de Rose Valland, cette héroïne incroyable, et je me plongeais dans sa vie, soit je partais de ce que je pouvais percevoir d’elle et je m’en émancipais. Je voulais juste aller chercher l’essence de ce qu’elle a été, restituer ce que j’ai pu percevoir de son tempérament, de son rapport au courage, à l’engagement, au militantisme, à la liberté d’être qui elle voulait dans sa vie de femme et de conservatrice, et de n’en faire qu’à sa tête ! Je me suis inspirée de ce que je pouvais palper de ses émotions, de son caractère. Volontairement, pour ne pas inhiber mon travail, je ne me suis pas inspirée du livre de Rose Valland. Son personnage a néanmoins guidé sa construction. C’est une libre inspiration. […] Je dois ma rencontre avec Rose Valland à Jean Cottin, le producteur et scénariste du film. Son histoire a résonné en moi aussitôt… En 1999, le centre Pompidou a appelé ma mère pour lui annoncer qu’un tableau, dont ma famille avait été spoliée en 1942, avait été retrouvé. J’ai demandé à ma cheffe décoratrice qu’il fasse partie du décor et qu’il figure dans le bureau de Pierre Schommer, le responsable du dépôt de Chambord. Au même moment, la conservatrice du Musée dauphinois à Grenoble, qui préparait son exposition sur Rose Valland, m’appelle pour que le tableau rejoigne l’exposition. Malheureusement, j’ai dû décliner. Il s’agit d’un tableau sans valeur marchande, qui vient se noyer dans une caverne d’Ali Baba d’œuvres d’art, mais il a une histoire forte… Dans toutes les guerres, les forces obscures se sont toujours attachées à détruire l’art, la beauté et la façon qu’avait chaque peuple d’exprimer son identité en faisant du beau et en créant. L’art est la liberté la plus totale. S’y s’attaquer, c’est attaquer la plus belle part de notre humanité. Il est nécessaire que des personnes et des institutions continuent à protéger le beau. »
« Le catalogue est magnifique avec son papier brut et toutes ces photographies anciennes. Il me fait penser au travail de Frank Beauvais, en particulier à son film Ne croyez surtout pas que je hurle, où il raconte une histoire à travers un montage d’extraits de films, avec des commentaires en voix off. Aucun plan n’a été tourné ni ajouté. Frank Beauvais est un passionné qui doit vivre constamment avec des références cinématographiques. Ce catalogue me rappelle justement les photographies des vieux films qu’il publie sur les réseaux sociaux. Enfin le cinéma ! suggère l’idée d’un montage ; ce pourrait être l’histoire des arts et de la société racontée à travers des photos de cinéma, comme des extraits assemblés. »
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Le Front de l’art
Enfin le cinéma !