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La collection « Pourquoi c’est connu ? » : l’histoire d’une transmission

À l’occasion de la parution du Fabuleux destin des icônes du design conservées au Centre Pompidou, Vincent Brocvielle nous raconte la genèse de la collection « Pourquoi c’est connu ? », conçue comme autant d’enquêtes sur les mystères de l’art.

Collection

L’histoire de la collection commence en 2016. En oncle attentionné et désireux de transmettre sa passion pour l’art, Vincent Brocvielle invite sa nièce à découvrir les merveilles de Madrid. Si la France a le Louvre, l’Espagne a le Prado. La visite du musée madrilène, avec la découverte du Tres de Mayo, de Goya, ou du Jardin des délices, de Bosch, est un incontournable pour cet historien de l’art et philosophe. Passé l’entrée solennelle, ils pénètrent dans la grande galerie centrale et se dirigent tout droit vers Les Ménines, de Velázquez, mais un attroupement devant la large toile les en empêche. Interloquée devant une telle foule fascinée, la jeune fille se tourne alors vers son oncle et lui demande : « Mais pourquoi c’est connu ? ».
Vincent Brocvielle se souvient d’avoir alors ressenti comme un vertige : « C’était une question à la fois évidente et très déstabilisante. Ce tableau est l’un des plus commentés et détournés de l’histoire de l’art. Allais-je lui présenter une analyse de l’œuvre, lui parler de l’interprétation de Michel Foucault, du miroir qui reflète le couple royal, de Velázquez qui se peint lui-même dans la scène, ou encore des conditions dans lesquelles Les Ménines ont été réalisées ? Chacune de ces réponses, prise individuellement, n’était pas satisfaisante pour une adolescente ! Mais ce qui pouvait le devenir, à l’inverse, c’était de raconter l’œuvre à partir d’un détail, d’une anecdote et d’en dérouler le fil. À mon sens, toutes les histoires cumulées participent à la célébrité d’une œuvre. C’est ainsi qu’a germé l’idée de cette collection.
À mon retour à Paris, j’ai eu la chance de croiser, dans l’allée centrale du Salon du Livre, Sophie Laporte, votre directrice, avec laquelle j’avais travaillé auparavant chez Flammarion. Partageant mon questionnement à l’issue du récit de cette anecdote, elle m’a alors proposé de lancer ensemble cette collection. »

« Une fresque qui donne à réfléchir, où chaque œuvre a un lien avec les autres »
Le premier titre fut consacré aux œuvres du musée d’Orsay. « Notre première difficulté a été celle du choix draconien des soixante-dix œuvres dont j’allais raconter les histoires, et de la manière dont nous allions les articuler entre elles : l’objectif, dans cette collection, n’est pas tant d’accumuler les récits que d’élaborer une fresque qui donne à réfléchir, où chaque œuvre a un lien avec les autres.
C’est une collection sur laquelle j’aime travailler. Les échanges avec les conservateurs me permettent d’attraper au passage quelques histoires inconnues et leurs rebondissements. L’édition est passionnante aussi, car le niveau d’exigence de votre maison en matière de qualité de fabrication et de reproduction d’œuvres n’existe nulle part ailleurs. Je me souviens, pour Orsay, d’avoir longuement déambulé de salle en salle avec votre responsable de fabrication et l’iconographe pour comparer les épreuves avec les œuvres originales exposées et effectuer les corrections chromatiques. C’est un travail d’équipe avec un véritable lien entre l’éditorial, le graphisme et la fabrication. Et on s’amuse aussi ! Chaque titre de la collection se termine par un quiz avec des questions pour les débutants et d’autres pour les cracks. C’est un plaisir de les chercher ensemble. »

Pages de quiz du titre Fabuleux destin des icônes du design

Le design : une saga industrielle
Le tout dernier titre raconte l’histoire des objets de design les plus populaires conservés au Centre Pompidou, de la chaise de bistrot Thonet (1885) au Cocoon Cabinet (2018), de Marlène Huissoud, en passant par les boîtes en plastique Tupperware et les stylos Bic. Vincent Brocvielle nous propose ainsi une véritable traversée du xxe siècle : « Pourquoi certains objets se sont vendus à des millions d’exemplaires, comment ont-ils intégré notre vie quotidienne ? Les designers ne font pas juste de jolis meubles : ils les fabriquent en tenant compte d’un contexte historique, sociologique et politique. Chaque saga industrielle fait écho aux repères intimes de notre vie. »

Vincent Brocvielle est un conteur qui interroge les œuvres d’art et leur histoire pour les faire découvrir au plus grand nombre. Virtuose de l’art du récit, il offre une approche accessible et pédagogique de la culture, interpellant les lecteurs sur un ton direct et volontairement décalé en ouvrant de nouvelles pistes d’exploration.