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Orsay « chat-oyant » : une ode aux chats dans l’art

En véritable ailurophile, Leïla Jarbouai, conservatrice aux musées d’Orsay et de l’Orangerie, est une grande amoureuse des chats, et partage son quotidien avec une jeune chatte rousse flamboyante et un chat noir énigmatique. Elle  vient de signer l’album Chats, coédité par notre maison et le musée d’Orsay.
Elle nous invite à découvrir l’univers des chefs-d’œuvre impressionnistes et post-impressionnistes, révélant la présence discrète mais fascinante de ces félins dans les tableaux.

« J’ai commencé à m’intéresser aux chats dans la peinture à partir d’un “accro-chat-ge” que j’avais proposé au musée d’Orsay en 2023 : comportant de nombreux dessins de Théophile-Alexandre Steinlen, il a abouti à une exposition monographique sur l’artiste au musée de Montmartre en 2023-2024. Artiste félinophile notoire, Steinlen a abondamment représenté des chats dans ses œuvres, gravures et dessins. Après avoir été commissaire de cette exposition, j’ai été saisie par l’omniprésence de ces félins sur les cimaises du musée d’Orsay ! Il y a bien sûr le célèbre chat noir, debout, à la queue dressée, aux pieds du personnage éponyme d’Olympia, de Manet. Exposé pour la première fois en 1865, le tableau est entré dans les collections nationales par le biais d’une souscription publique lancée par Claude Monet. Dans cette peinture, la figure du chat, chargée d’une symbolique érotique, remplace celle du petit chien, endormi et enroulé sur lui-même, représenté dans la Vénus d’Urbin, de Titien. »

Livre ouvert sur une double page illustrée d'un détail de l'Olympia de Manet

Livre ouvert sur une double page illustrée d'un détail du l'atelier à Ornan

« Le chat est l’emblème des milieux artistiques au xixe siècle. Artistes et écrivains en faisaient leur compagnon de liberté et d’indépendance tandis que les poètes louaient sa mystérieuse beauté. Je pense notamment à Baudelaire, qui a célébré, à travers la métaphore du chat, la sensualité de Jeanne Duval, avec qui il entretenait une relation passionnelle, ou encore à Émile Zola, qui a écrit un conte intitulé Le Paradis des chats. Gustave Courbet a accordé une place centrale à cet animal dans L’Atelier du peintre : un chat angora blanc joue à ses pieds, au cœur du tableau. »

Consultation des archives photographiques du musée d’Orsay par Leïla Jarbouai, isabelle Loric et Manon Pellerano © GrandPalaisRmnÉditions, 2024

Leïla Jarbouai livre, au prisme des collections d’Orsay, un regard singulier sur la représentation des chats dans l’art du xixe siècle. Nos éditions l’ont suivie à travers les méandres du musée, parcourant les salles et les réserves à ses côtés, afin de reproduire le plus fidèlement possible les peintures, dessins et photographies qui constituent l’âme de l’album Chats. Un hommage adressé à sa chatte, Ginger, fidèle compagne disparue, « qui [lui] a offert sa tendresse, sa curiosité et sa beauté, pendant sa trop brève existence », conclut cet ouvrage, que notre maison a eu le plaisir de coéditer avec le musée d’Orsay.