Le Grand Palais, gardien de tant d’histoires depuis sa création en 1897, écrit un nouveau chapitre, bruissant déjà d’une effervescence festive. Pour que les pierres délivrent leurs secrets et que chacun saisisse l’âme de ce lieu emblématique, nos éditions tissent deux récits captivants. Le premier, Histoire dessinée du Grand Palais, par l’artiste Nayel Zeaiter, déroule le fil des aventures palpitantes de l’institution. Le second, Le Grand Palais réinventé, offre une plongée au cœur de sa structure, dévoile les secrets d’une architecture audacieuse et, à travers elle, un destin mouvementé, dont le dernier rebondissement est sa toute récente rénovation. Nous avons interrogé les auteurs des deux publications ; deux regards, deux voyages pour s’imprégner de la légende du Grand Palais tandis que la programmation d’été se déploie avec éclat.
« Une vitrine culturelle de la France »
Pour Nayel Zeaiter, le Grand Palais est à la fois un phare culturel et la mémoire incarnée d’une tranche de l’histoire de France. Des effervescences politiques et artistiques aux tragédies des conflits mondiaux, le bâtiment vibre à chaque moment de son destin. Et le crayon de l’artiste en révèle l’âme palpitante, captive entre ses murs.
« L’album Histoire dessinée du Grand Palais est une adaptation de la grande frise chronologique que j’ai conçue pendant la rénovation du bâtiment, explique l’artiste. Invité par le Grand Palais à investir la palissade de chantier, j’ai conçu une œuvre monumentale, offerte à tous : une frise narrative de l’histoire du lieu, un récit qui se lit au rythme des pas.
« Sa conception a nécessité une immersion dans la mémoire du lieu, à travers une vingtaine d’entretiens avec des figures emblématiques parmi les employés et des invités prestigieux. Leurs explications ont nourri mon exploration des événements politiques et artistiques marquants.
« Pour adapter la fresque en livre, j’ai organisé le contenu en microséquences narratives. Chaque double page présente un début et une fin adaptés de manière à offrir une version fidèle, mais rescénarisée, de la frise originale.

« Afin de conserver l’unité de ces séquences, comparables à des planches, votre maison d’édition a judicieusement choisi une reliure avec couture apparente au dos, comme celle utilisée pour le catalogue Chiharu Shiota. The Soul Trembles. Cette fabrication offre au lecteur le confort d’une ouverture à plat et totale.
« Mon intention, pour ce projet incroyable, était de mettre en lumière la politique culturelle de la France et le rôle essentiel qu’y a joué le Grand Palais en tant que vitrine culturelle du pays. Il représente pour la nation ce que la salle des fêtes incarne pour une ville : un lieu de rassemblement et de représentation privilégié. »

« Un modèle patrimonial »
Pour Sindbad Hammache, coauteur du Grand Palais réinventé, le « bâtiment est hors norme avec une incroyable nef surdimensionnée, qui se dresse tel un phare au cœur de Paris. Le chantier s’étendait sur 72 000 m² (l’équivalent de douze terrains de football !), avec 17 000 m² de verre et une dalle thermique d’une superficie inégalée en Europe. On parle d’une surface totale plus grande que celle du château de Versailles ! Mener cette rénovation en quatre ans était un véritable défi. »

« Pour avoir une vue d’ensemble sur le chantier de rénovation mais aussi sur le fonctionnement de l’institution et ses enjeux politiques, j’ai interviewé de nombreux acteurs. La réhabilitation du Grand Palais témoigne d’une double ambition : préserver la mémoire du lieu en réhabilitant son architecture originelle et en révélant des beautés que des interventions passées avaient masquées, tout en relevant le défi de répondre aux exigences muséographiques contemporaines. Ainsi transformé, le Grand Palais redevient un espace vivant pour l’art, l’histoire et la culture, en accord avec les évolutions actuelles : l’interprétation vibrante de La Marseillaise par la chanteuse lyrique Axelle Saint-Cirel, en haut de la nef, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, en est une manifestation marquante. Le Grand Palais est devenu un modèle patrimonial : c’est un exemple dans le domaine de la réhabilitation des sites anciens et de leur adaptation aux besoins modernes. »

Au-delà de son incroyable structure architecturale, le Grand Palais s’inscrit profondément dans le vécu et l’imaginaire de ceux qui le visitent. Pour Nayel Zeaiter, Parisien bercé par les expositions et le Palais de la découverte durant son enfance, comme pour Sindbad Hammache, dont le souvenir d’une sortie scolaire au Grand Palais depuis Saint-Étienne reste vif, l’émerveillement initial s’est mué en une source d’inspiration créative. Le lien indéfectible de nombreux visiteurs avec ce lieu – notamment parmi les Parisiens – est parfaitement illustré par le témoignage de l’artiste Eva Jospin, extrait du Grand Palais réinventé : « Forcément, lorsqu’on grandit à Paris, c’est un lieu qui participe à la formation du goût, à la découverte de l’art. Il accompagne les Parisiens, fait événement dans la ville, crée l’actualité artistique. »