Le musée national des arts asiatiques – Guimet dévoile son nouveau guide, une publication coéditée avec notre maison, conçue pour accompagner les visiteurs, toujours plus nombreux, dans leur exploration des exceptionnelles collections qui y sont conservées.
Cet ouvrage s’inscrit dans une dynamique de renouveau insufflée par Yannick Lintz, la présidente du musée, depuis son arrivée en octobre 2022. Aude Ferrando, responsable des éditions du musée, et Léo Grunstein, graphiste, nous dévoilent le processus créatif de ce projet.
Un nouveau guide qui affirme une nouvelle identité
« Cette publication affirme la stratégie de transformation lancée par Yannick Lintz, présidente du musée, confie Aude Ferrando. Sous son impulsion, une nouvelle dynamique se déploie, portée par une volonté forte de diversifier les publics et de rendre le musée plus accessible. Notre institution a accueilli, l’an dernier, plus de 300 000 visiteurs, ce qui correspond à une augmentation de 80 % de la fréquentation en deux ans !
« Cette politique s’affirme à travers une programmation événementielle enrichie et s’incarne dans une refonte globale de l’identité visuelle. Ainsi, après avoir modernisé son site Internet, le musée se dote d’une nouvelle charte graphique, d’un logo revisité, d’une signalétique repensée pour optimiser le parcours muséal et, enfin, d’un guide actualisé, outil précieux pour accompagner le visiteur dans la découverte des collections et lui offrir la possibilité d’en conserver un souvenir tangible.
« L’Asie est un continent immense, le plus grand et le plus peuplé de la Terre, avec une immense variété de cultures. Il fallait donner des repères clairs aux visiteurs. Les aires géographiques sont désormais signalées dans le parcours scénographique par une gamme de couleurs, dont chacune est spécifique à l’une de ces aires, afin de les rendre plus lisibles. Naturellement, le nouveau guide adopte ce code colorimétrique. »
Un éclairage expert pour redécouvrir les collections
« Le précédent Guide des collections, publié en 2012, ne reflète plus l’évolution de nos collections ni leur richesse actuelle, poursuit Aude Ferrando. Notre ambition est de dévoiler au public les trésors insoupçonnés que recèle le musée. Si cette nouvelle édition conserve le découpage thématique du précédent ouvrage, elle s’enrichit de chapitres inédits, rédigés par nos conservateurs et illustrés de nouvelles photographies. Les visiteurs bénéficient ainsi d’un éclairage expert et découvrent les collections sous un angle nouveau.
« Ainsi, outre les sections géographiques, le lecteur découvre la riche collection textile, l’immense fonds photographique de plus de 600 000 pièces et un volet consacré à l’art moderne et contemporain. Ces dernières années, le musée a considérablement enrichi ses collections grâce à de nouvelles acquisitions, qui témoignent de la vitalité de la création artistique en Asie.
Parmi les trésors récemment acquis, une œuvre de Yu Tanaka, céramiste japonaise de renom, ne manque pas de fasciner : il s’agit d’un trompe-l’œil sculptural étonnant, une céramique représentant une boîte enveloppée d’un tissu jaune. L’illusion est stupéfiante, une prouesse technique extraordinaire !
Une esthétique intemporelle et globale
Pour répondre à cette nouvelle identité, notre équipe d’édition a fait appel au talent du graphiste Léo Grunstein, avec lequel nous venons de collaborer avec succès pour le catalogue La Chine des Tang. Léo Grunstein se souvient : « J’ai été très heureux qu’on me demande de travailler sur ce projet. Ce lieu est un trésor. Un voyage à travers les âges et le continent, où chaque objet raconte une histoire. Les collections de Guimet, d’une richesse exceptionnelle, embrassent l’immensité de l’art asiatique, des plus anciennes civilisations aux créations contemporaines.
En tant que graphiste, mon rôle était de rendre cette expérience accessible à tous, à travers un guide des collections revisité, plus compact et maniable, habillé des nouvelles couleurs du musée et dont les coûts de traduction – en anglais, voire dans d’autres langues – devaient être limités.
« Avec environ deux cents pages, la pagination reste volontairement légère. À l’image de la nouvelle signalétique qui met en lumière les chefs-d’œuvre dans les salles, j’ai consacré chaque chapitre à la valorisation d’une à trois œuvres, chacune accompagnée d’une légende détaillée. Il me semblait essentiel de révéler un détail captivant de ces pièces maîtresses, pour souligner la diversité des matériaux, des supports et des représentations et ainsi illustrer la richesse exceptionnelle des collections. L’approche didactique, qui allie textes de fond et zooms sur des œuvres, invite à la découverte. »

Les nouveaux repères du musée
« Dans le parcours muséal, des couleurs délimitent des aires géographiques, comme le rouge, qui caractérise la Chine, explique le graphiste. Elles ont été choisies par le musée sur la base de sa nouvelle identité visuelle afin de créer une harmonie d’ensemble. J’ai travaillé chapitre par chapitre pour y ajouter des touches de couleur en référence aux différentes sections ainsi que des filets, en jouant avec les éléments graphiques. Et pour une lecture fluide et agréable, j’ai privilégié la typographie Plantain.
« La complexité du projet résidait dans la nécessité de représenter l’ensemble des collections, issues d’une vaste zone géographique allant de l’Afghanistan au Japon. Cette mosaïque culturelle rendait impossible l’adoption d’un style graphique inspiré d’un seul pays. Un parti pris aurait créé une exclusion visuelle. J’ai donc choisi une approche plus neutre, évitant les références graphiques trop marquées qui auraient pu privilégier une culture au détriment des autres. Inversement, pour le catalogue La Chine des Tang, qui accompagnait une exposition mettant en lumière une période particulièrement riche de l’histoire de la Chine, j’ai utilisé une typographie et des filets spécifiques à la culture chinoise. »

Une traduction facilitée
« La progression de la fréquentation du musée Guimet, notamment relative au public européen, a conduit l’institution à viser un guide au prix abordable, disponible en français et en anglais. Aussi, pour optimiser les coûts de production, nous avons choisi une impression offset, qui présente un avantage économique certain. Ce procédé, qui consiste à imprimer séparément le « noir » (les textes) et les images, simplifie la publication multilingue et réduit les dépenses. Ainsi, à l’avenir, on pourra proposer l’ouvrage dans d’autres langues, si besoin, peut-être même asiatiques ! »
« Je veux un musée qui pense, un musée qui parle, un musée qui vit », affirmait Émile Guimet (1836-1918), le fondateur du musée, qui était à la fois un industriel, un collectionneur et un grand voyageur.
Ce projet de refonte du guide des collections, conçu par la présidente, s’inscrit pleinement dans cette philosophie et dans la nouvelle dynamique de l’institution.
Au cœur de cette transformation, l’ouvrage devient un outil stratégique. Il incarne la nouvelle identité visuelle du musée, qui marque une ère nouvelle, fidèle à l’esprit de son fondateur.